Histoire de l'Hydroélectricité

en Midi-Pyrénées

(rédaction en cours)

  Développement de l'Energie Electrique
 

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  De 1900 à 1920 l'énergie électrique connut son premier essor. Pendant cette période le développement de l'électricité est limité aux villes et chefs-lieux de cantons, aux agglomérations les plus peuplées ou de caractère industriel; rares sont les communes rurales électrifiées. Parmi celles-ci citons par exemple dans les Alpes : Chaumont, Savigny, Valleiry, alimentées vers 1910 par la Société d'Electricité du Rhône et du Fornant et vers 1913 le Secteur des Avenières, grâce à la générosité d'une richissime américaine, Mme Dina.
De même que dans les Alpes, un certain nombre d'intallations importantes avaient été réalisées avant 1914 dans les Pyrénées dont l'équipement total était de 65.000 kVA au moment de la première guerre mondiale. La Compagnie du Midi, qui commençait l'électrification d'une partie de son réseau, avait entrepris la construction des usines de Soulom et d'Eget.
En ce qui concerne la distribution, les grandes compagnies existantes (Société Méridionale de Transport de Force et Société Pyrénéenne d'Energie Electrique) étendaient progressivement leurs réseaux. Elles avaient comme concurrents de petits concessionnaires locaux qui, pouvant utiliser sur place l'énergie électrique, étaient à la fois producteurs et distributeurs. Ils se servaient de la force d'une basse chute.
On n'électrifiait encore que des villes ou des bourgs d'importance moyenne, aucune législation ne réglementant l'électrification rurale ni le transport de l'énergie. De petites sociétés locales naissaient cependant : tel le réseau du général Dedieu - Anglade, un des premiers distributeurs ruraux de la Haute-Garonne, et même de France; ou encore « La Luchonnaise », la société de l'Arize. Ces réseaux étaient alimentés par de petites usines d'une puissance de 50 à 200 kVA. Des industriels, minotiers, papetiers, fabricants de produits chimiques, construisaient des usines pour leur compte et distribuaient sur place leurs excédents de courant. Cette période d'avant 1914 ne faisait pas encore prévoir le développement rapide qui devait suivre.
On ne trouve aucun souci d'unité, chaque petite ville a son concessionnaire; celui-ci, suivant ses conceptions ou ses besoins, construit et distribue comme il l'entend. On a une véritable mosaïque de concessions, de tensions et de tarifs. Les frais d'établissement des usines, lignes et postes de transformation, sont entièrement pris en charge par le concessionnaire, les capitaux investis sont en général rentables; ils le deviennent d'ailleurs largement par la suite grâce à l'activité industrielle et. à la dévaluation de la monnaie. Il semble naturel que la distribution, pour ses premières armes, ait ainsi pratiqué une politique « d'écrémage ». L'inconnu que représentait, tant au point de vue technique que financier, le programme de l'électrification rurale, explique cette prudence.
La période de guerre de 1914 à 1918 correspond à un moment de fièvre en raison du stimulant créé par les nécessités de la défense nationale. Il en résultera un développement rapide des usines hydrauliques dans les Alpes et dans les Pyrénées. Des fabrications de produits azotés s'installèrent. Pour leur fournir l'énergie on construisit dans les Alpes les usines de Fond-de-France (1918), Tencin (1916), La Boume (1919), et dans les Pyrénées celles de Bordères, Loudenvielle, Saint - Lary, Beyrède - Jumet, la centrale du Lac d'Oô, etc...
Après l'armistice de 1918, on constate dans l'aménagement des forces hydrauliques un léger arrêt dû à l'obligation pour les industries de guerre de réorganiser leurs fabrications et de les aiguiller vers des buts plus pacifiques. L'absence de liaison électrique entre les divers centres freine également ce développement. La loi du 16 octobre 1919, qui réglemente la production et le transport de l'énergie hydroélectrique, est un des éléments de la reprise de l'activité des travaux d'aménagement.
En 1921, la Compagnie du Midi, qui avait déjà procédé à l'électrification de quelques lignes de montagne, continue sur une échelle beaucoup plus grande et entreprend un programme complet. En même temps que l'achèvement et la mise en service de ses usines, elle poursuivit la construction d'un réseau à 60.000 volts et l'équipement de postes à très haute tension, interconnectés entre eux par de grandes lignes à 150.000 volts, capables de transformer et de transporter des puissances bien plus élevées que celles nécessaires à la traction. En effet, le Comité pour l'Electrification des chemins de fer, créé en 1920, considérant que la traction électrique n'absorbait que 10 à 151% environ de la consommation totale du pays en énergie était arrivé à la conclusion qu'il serait préférable d'établir un réseau de transmission d'énergie qui serait commun aux chemins de fer et aux entreprises de distribution au lieu de construire un réseau spécial pour la traction.
En conséquence, dès 1923, se constituait, fondée par M. Maroger, une Union des Producteurs d'Energie des Pyrénées Occidentales (U.P.E.P.O.). Le but de cet organisme était, en utilisant le réseau de transport d'un de ses membres, de faciliter à tous les producteurs le placement de leur énergie. C'est la réalisation de cette fédération, facilitée par les lignes de transport des Chemins de Fer du Midi, qui a donné à l'électrification de la région pyrénéenne une impulsion décisive.
De 1921 à 1935 beaucoup d'usines étaient terminées en France; dans les Alpes : Viclaire, La Perrière-Vignotan, Pizançon, Rondeau, Le Chambon et St-Guilherme, le Sautet, Bissorte, les usines du Doron-de-Beaufort; dans les Pyrénées : Artouste, Miègebat et le Hourat sur le gave d'Ossau, les usines de la vallée d'Aspe, de la vallée de l'Aude, les centrales de Tramesaygues et de Lassoula; dans le Massif Central : Eguzon, le Pinet, Val Beneyte , Coindre,. Marèges, Brommat et Sarrans.
Au point de vue de la distribution de nouvelles sociétés apparaissent pour s'emparer des concessions, « des groupes » viennent concurrencer les sociétés locales. On assiste à de véritables guerres entre ces sociétés et ces groupes qui se disputent chacun une partie du territoire.
La finance internationale s'en mêle et tente d'accaparer la production et la distribution pour les englober dans un vaste trust groupant toutes les entreprises françaises. Cette action, un moment partiellement victorieuse, échoue ensuite de justesse en raison des contre-attaques françaises et de l'arrivée de la crise mondiale, source d'énormes perturbations boursières.
L'alerte étrangère passée, la lutte continue entre les sociétés françaises pour le partage du pays. Il n'est question dans les rapports des ingénieurs et des financiers qui dirigeaient ces entreprises que « de champ de bataille industriel » de « terrain d'opérations ». Il fallait « enlever une concession » comme autrefois on enlevait une bastille. Il est évident que, comme dans toute guerre, il y avait des adversaires loyaux et d'autres moins scrupuleux, agissant sans merci.
La législation de la distribution elle-même avait évolué, facilitant l'électrification totale de régions entières par l'attribution de subventions aux communes (loi du 2 août 1923). Jusque là le distributeur avait financé à peu près seul les travaux d'électrification ; il avait choisi de ce fait les endroits les plus rémunérateurs et délaissé l'électrification rurale.
A partir de 1923 le distributeur ne fit plus les frais des nouveaux réseaux qui incombèrent à la collectivité. Les charges dépassant le rendement à attendre des capitaux engagés, nul ne se serait plus soucié d'électrifier des régions pauvres. D'autre part, de nouvelles utilisations commencent à se répandre, la demande des consommateurs augmente, la clientèle devient plus difficile. Les concessionnaires des petits réseaux éprouvent des difficultés croissantes par suite du manque d'énergie et la plupart d'entre eux voient une élévation de leurs charges, sans contre-partie de recettes suffisantes. Les petits distributeurs cherchent à céder leurs concessions à des sociétés, les sociétés elles-mêmes tombent dans le giron de consortiums plus puissants, on s'achemine vers l'unité.

Arrêt de la poursuite de l'équipement.


Pour en revenir à la production, à partir de 1933, l'équipement des usines a dépassé les capacités d'absorption de la clientèle; plusieurs régions se trouvaient encore isolées par suite de l'absence de lignes d'interconnexion à grande distance suffisamment étoffées. Ces raisons, jointes à la crise économique, arrêtèrent la construction des usines hydro-électriques.
Cette période de stagnation de six ans, dont nous sortions à peine en 1939, fut singulièrement funeste puisque nous en subissons aujourd'hui le contre-coup. On retarda systématiquement durant ce laps de temps l'achèvement de presque tous les projets en cours ; on n'entreprit rien de nouveau alors que les moyens ne manquaient pas et que des constructions très coûteuses s'élevaient un peu partout. Nous avons eu des stades, des piscines, des bibliothèques, des gares, des hôtels des postes, des palais de justice mais nous avons manqué d'usines et de barrages.
Et la guerre revint. La fièvre reprit les constructeurs d'usines. Trop tard. L'équipement des chutes ne s'improvise pas. 1940, expiation cruelle des erreurs antérieures. Tout vint à manquer. Plus d'essence, plus de charbon. Seule l'énergie hydro-électrique restait mais il ne fallait pas, c'est le cas de le dire, en perdre la moindre goutte.


La nationalisation.


Le plan qui avait été établi en 1938 pour compléter l'équipement électrique de la France fut complètement dépassé. La deuxième guerre mondiale achevée, il fallut d'abord réparer les ruines heureusement limitées subies par les ouvrages de production et de transport puis partir sur un pied nouveau. Le Conseil National de la Résistance avait dans son programme d'Alger décidé de nationaliser la production, le transport et la distribution de l'énergie électrique. Cette nationalisation intervint, après de longs débats à l'Assemblée Constituante, le 8 avril 1946.
La nationalisation de l'électricité en France n'a été ni une surprise ni un événement isolé. Elle marquait l'issue d'un état de fait qu'il importe d'évoquer. Dans tous les pays qui sont entrés dans le stade capitaliste de la production économique, le mouvement naturel de la concentration des capitaux imposé par la concurrence avait abouti depuis longtemps à la monopolisation des branches essentielles de l'économie et à l'interpénétration des capitaux consacrés originellement à des activités différentes. De puissant es féodalités financières se constituèrent ainsi, qui non seulement imposaient leur volontéà l'évolution de l'économie mais étaient aussi tout naturellement portées à s'immiscer de plus en plus efficacement dans les affaires publiques et dans la politique de l'Etat.
La France, en 1938, se situait à un niveau de consommation d'énergie très inférieur à celui de nombreux pays, malgré ses grandes possibilités. Chaque américain ou suisse consommait trois fois plus d'électricité qu'un français, chaque canadien ou norvégien cinq fois plus. En outre, cette consommation ne pouvait être satisfaite que grâce à des importations de combustibles considérables. La France était en effet tributaire de l'étranger pour 20 à 25 millions de tonnes de charbon chaque année. Comme le constatait l'exposé des motifs du projet gouvernemental : « A la veille de la guerre, l'alimentation du pays en électricité, du fait de l'insignifiance notoire de notre équipement hydro-électrique, était dans une certaine mesure à la merci d'un arrêt des importations ».
Une oeuvre importante avait été accomplie dans le domaine de l'industrie électrique mais cette oeuvre demeurait très inégale. Les meilleurs efforts avaient abouti à la création d'un remarquable réseau d'interconnexion (la France était le seul pays, avant la guerre, à posséder un réseau national fonctionnant sous une tension de 220.000 volts). En revanche l'effort dans l'équipement productif était demeuré insuffisant.
La loi finalement adoptée a tenu compte de toutes les contingences. D'une part, elle a nationalisé l'industrie électrique dans son ensemble — production, transport et distribution, —d'autre part elle a laissé subsister une certaine décentralisation ou du moins a rendu possible une éventuelle dispersion. En effet, elle a séparé le « Service National d'Electricité de France » du « Service National du Gaz de France » et elle a prévu au sein de chacun de ces services la création de secteurs dotés d'une autonomie relative qui restent à fixer par une loi ultérieure. En outre, elle a laissé en dehors de la nationalisation les entreprises dont la production annuelle demeure au-dessous de certains maxima.
En même temps que le législateur établissait le nouveau régime de la production, du transport et de la distribution de l'énergie électrique, les techniciens se souciaient de renforcer le potentiel énergétique du pays et étudiaient les possibilités d'un équipement rapide de nos ressources. Cela fit l'objet du plan Monnet qui prévoit pour l'électricité une production doublée en 1951 par rapport à 1939, soit environ 40 milliards de kWh au lieu de 20.
Les chantiers en sommeil se sont rouverts, on a mis en construction un grand nombre de nouvelles chutes. On rénove les centrales thermiques. On complète le réseau d'interconnexion. Au cours des pages qui vont suivre, nous nous rendrons compte de l'importance de ce renouveau.

 

Sources :

Energie Electrique en France L. Babonneau Mai 1949 Privat Toulouse

Histoire du Service de la Production Hydraulique 1946-1992 AHEF Décembre 1995

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